VARIA Vol.1 n°1 & 2, 2021

RASS-PGPA, Vol. 1 n°1 & 2 –  Septembre 2021 [télécharger]

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Éditorial du numéro

Le genre ; concept importé des études-anglo-saxonnes, questionne les catégories sexuées, et cherche à comprendre comment leurs différences sont produites et reproduites. Il renvoie à un processus qui pénètre ces construits sociaux, à la fois antagonistes et complémentaires, culturellement perçues comme naturelles. Bien plus, ce vocable permet d’appréhender la façon dont l’homme et la femme, produits d’un construit social et historique, idéalisent, pratiquent, façonnent et confirment leurs identités culturelles. Ce premier volume de la Revue Africaine des Sciences Sociales. Pensées Genre. Penser Autrement, s’inscrit dans les débats sur le genre. Il invite à une réflexion sur ce qu’est ou devrait être le dire, le faire et l’agir de l’homme et de la femme, en mettant en lumière les discours, les pratiques et les représentations de ces deux groupes dans divers contextes. Les secteurs analysés sont

La représentation de la femme et ses impacts : dans les proverbes moose, une double image méliorative et péjorative lui est attribuée (Art. 2). Au plan professionnel, les inégalités vécues dans le secteur culturel burkinabé sont dévoilées (art.1), pendant qu’en Côte d’Ivoire, la femme fait la négociation avec sa triple charge quotidienne pour actualiser sa performance (Art. 3), sans oublier la recherche de son autonomisation socioéconomique, pour celle qui n’a pas pu intégrer le travail formel (Art. 4) ;

La centralité de la femme dans la société : en Côte d’Ivoire, celle-ci s’exprime dans la perpétuation de la royauté Akan (Art. 5), dans les pratiques de maintien des conditions de vie paysanne en pays Attié (Art. 6) et dans la reconstruction identitaire du/de la veuf /ve (Art. 9) dans la société Agni. Au Burundi, une place centrale lui est attribuée dans l’organisation sociopolitique ancienne et actuelle (Art.8). Aussi, dans la poésie burkinabé (Art. 7), la femme, par sa plume, révèle les réalités sociales à travers quatre isotopies sémantiques majeures dont la misère, la mort, l’union et les conditions de la Femme.

A ces sujets importants, il importe de rappeler une ouverture heureuse sur des thèmes tels que l’anthropisation des forêts classées, l’urbanisation galopante, la Responsabilité Sociale des Entreprises, la révolution numérique dans le domaine du transfert d’argent, qui sont de nature à transformer de plus en plus les rapports sociaux. Le lecteur se rendra donc vite compte que le genre est assimilable à un musée social et culturel, avec une mémoire effervescente et intarissable dans laquelle toute discipline conçoit son mémoire conceptuel, théorique et méthodologique. Adopter une posture scientifique du genre c’est avant tout, parler genre (genre comme méthode et théorie), c’est faire parler le genre (interroger le genre), faire parler du genre (diffuser les connaissances scientifiques), faire parler au genre (agir auprès des acteurs, l’homme et la femme) autrement. Ce numéro tout comme ceux à venir, répond au besoin de combler un vide : celui de mettre à la disposition du monde scientifique, une tribune d’expression spécialisée sur les problématiques liées au genre.

Kouakou Siméon KOUASSI /Institut des Sciences Anthropologiques de Développement (ISAD) Membre du comité scientifique de la Revue/ Université Félix Houphouët-Boigny (Cocody-Abidjan / Côte d’Ivoire/ kksimeon@yahoo.fr